Les guerres ont longtemps été considérées comme étant l’affaire des hommes. À partir des années 1970-80, une première révision historiographique , puis une nouvelle histoire des guerres mondiales, marquée par l’anthropologie , dans le contexte du retour de la guerre en Europe dans les années 1990, a fait tomber des barrières que l’on pensait hermétiques : entre le front et l’arrière, entre hommes et femmes , entre masculinité des vainqueurs et des vaincus , entre l’avant et l’après-guerre , mais aussi entre générations , pour privilégier l’étude de l’expérience de la guerre et des « cultures de guerre » dans des « sociétés en guerre » .
Ces approches interrogent la perception même des ruptures chronologiques. Dans le sillage des commémorations récentes du centenaire de la Grande Guerre, de nouvelles recherches ont continué de faire le point sur les « angles morts ». Pour le cas allemand par exemple, le second conflit mondial a longtemps éclipsé le premier . Pour étudier la société allemande « en guerre », la période charnière 1917-1923 constitue une échelle temporelle pertinente  : elle englobe les deux dernières années de guerre, les privations, mais aussi la révolution de novembre et les débuts chaotiques de la République de Weimar. Le conflit armé, d’abord acclamé à grand renfort d’enthousiasme nationaliste en 1914, se termina en 1918 par une défaite inattendue pour les Allemands, alors même que l’armée paraissait « invaincue sur le champ de bataille ». Elle s’accompagna de pertes territoriales importantes et fut suivie d’une révolution mal aimée de certains, qui la rendirent responsable de la capitulation, selon la légende du « coup de poignard dans le dos » des politiques (républicains) contre les militaires (fidèles à l’Empereur).
Malgré les horreurs du front et la mort d’environ un million de soldats allemands, malgré les privations de l’arrière, notamment en contexte urbain (une expérience qui affecta les populations civiles), la guerre n’a pas produit de dégoût des valeurs militaristes et masculinistes en Allemagne. Au contraire, elle renforça la militarisation de la société et des familles, dans un mouvement transcendant les classes sociales, les milieux politiques, les différences de genre et les générations. En prenant l’exemple des enfants et des jeunes, on peut montrer le « quotidien de l’arrière », notamment leur exposition régulière à la violence. La perspective adoptée ici sera un peu décalée : c’est celle d’une jeune Juif berlinois qui a consigné cette période agitée dans un journal intime couvrant la période 1915-1919.

Retrouver la suite de cet article dans notre recueil "L'enfance en guerre" édité par le musée du Vermandois. 
117 pages. 10 euros. illustrations couleurs.
Disponible au musée ou sur demande au 06-10-26-56-68



 

 

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