Dans le cadre de notre mois d'événements sur les droits des femmes, nous vous proposons de découvrir chaque jour le portrait d'une suffragette.
J1: Maria Deraisme
Nous vous rappelons que l'exposition "Portraits de féministes" est proposée gratuitement à imprimer au format A3 et au tarif de 50 euros TTC pour des impressions à des formats supérieurs (A2, A1, ect.)

MARIA DERAISMES ( 1828-1894)

 

Marie-Adélaïde Deraismes dite Maria Deraismes tient une place particulière dans l’histoire de l’émancipation des femmes, tant par la diversité de ses engagements que par le fait qu’elle se bat aux côtés d’hommes comme Léon Richer ou Georges Martin.

Née à Paris dans une famille bourgeoise et libérale, d’un père voltairien et anticlérical cultivant l’héritage des Lumières, elle surprend par la diversité de ses connaissances, acquises le plus souvent en autodidacte : philosophie, sciences, religions, littérature ancienne et moderne.

C’est cependant une carrière de peintre qu’elle espère embrasser, admirant Rosa Bonheur, peintre réaliste animalière. Mais à la mort de son père, c’est vers l’écriture qu’elle se tourne en collaborant avec les journaux Le Nain jaune ou encore Le Grand journal.

C’est pour ses talents d’oratrice qu’elle se fait remarquer suscitant l’invitation dès 1866 à la Loge du Grand Orient de France par Léon Richer, considéré par certaines féministes comme le « père du féminisme ». Elle y prononcera à plusieurs reprises des discours et conférences féministes, où elle développe une réflexion autour de l’assujétissement des femmes , considérant le féminin comme une fiction sociale dont la société patriarcale tire parti.

« L’infériorité des femmes n’est pas un fait de nature, c’est une invention humaine, une fiction sociale » (1865).

Ses idées lui attirent les foudres des conservateurs.

En 1869, elle fonde avec Paule Minck, Louise Michel et Léon Richer la Société pour la Revendication des Droits Civils des Femmes, puis en 1870, l’Association pour le Droit des Femmes, toujours avec Léon Richer. En 1878, iels coorganisent le Congrès International du Droit des Femmes. Par son manque de cohésion au sein des membres et en l’absence de revendications politiques, ce dernier est un échec.

Cette grande théoricienne du féminisme n’aura de cesse de promouvoir l’égalité juridique des femmes - dénonçant par exemple les inégalités de traitement dans le cadre des violences conjugales - et l’égalité économique – même traitement de salaire . Elle lutte aussi pour une place plus importante des femmes dans la société civile – création de l’Union des commerçantes françaises, élections de femmes dans les tribunaux de commerces. Dans le contexte d’instabilité politique de la Troisième République,  le droit de vote des femmes n’est pas sa priorité, arguant que la jeune République n’était pas prête pour une émancipation politique des femmes. Elle se distingue ainsi d’autres féministes comme Hubertine Auclert, moins radicalistes, avec qui elle fait scission.

L’histoire retient surtout qu’en 1882, elle devient la première femme à être initiée à la Franc-Maçonnerie à l’initiative de Georges Martin. La loge refusant de reconnaitre son initiation, elle crée donc avec ce dernier une obédience mixte en 1893. La Franc-Maçonnerie ne reconnaitra cette initiative qu’en 1921 sans que les femmes soient autorisées à y participer.

Elle qui lutta et théorisa tant l’émancipation économique et juridique des femmes fut dépassée par le combat suffragiste mais ses engagements ont marqué l’histoire du féminisme.

Elle s’éteint le 6 février 1894.

Un jour, un portrait de féministe...Maria Deraisme
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