Ce premier décembre, le musée, dans le cadre de ses événements sur les « Femmes dans la guerre » recevait Emmanuel Debruyne, professeur à l’Université de Louvain et spécialiste des phénomènes de Résistance et d’Occupation durant les deux guerres mondiales.


Après avoir exploré les allégories que sont Marianne et Germania, évoqué le travail de la chirurgienne et féministe laonnoise Suzanne Noël, d’Anne Morgan dans l’aide matérielle et morale apportée aux régions picardes dévastées et de l’écrivaine franco-allemande Annette Kolb qui n’a eu de cesse d’œuvrer pour le rapprochement des peuples, Emmanuel Debruyne s’est intéressé à celles que l’on a appelé « les femmes à boches », sujet qui allie les thématiques du genre et du corps à celles de la guerre et de la violence. 


Dans les régions occupées, en particulier la nôtre, la présence masculine était essentiellement allemande. Les attendus sociaux imposent une « distance patriotique et morale » avec l’occupant. 
L’Union sacrée prônée par Poincaré, était aussi une union de sexes et les relations intimes entre les françaises et l’occupant, que ces relations soient consenties ou imposées (viols, agressions sexuelles) constituaient la transgression ultime. 


Et les visages de cette transgression furent multiples :
- La prostitution tout d’abord, qui malgré une volonté de contrôle des autorités a explosé dès le début de la guerre. Une situation qui a particulièrement inquiété les autorités allemandes, avec la création dès 1915 de la Sittenpolizei, la police des meurs, imposant aux prostituées et aux femmes suspectées de l’être, un contrôle sanitaire bihebdomadaire afin de lutter contre la prolifération des maladies vénériennes. 
- Les femmes victimes de viol et d’agressions sexuelles.
- Les relations consenties avec « l’ennemi » en échange de « faveurs » ou « protection », tant la misère affective et « sociale » envahissait le quotidien.


À la fin de guerre, les régions vidées par l’occupant, ces femmes ont été stigmatisées, violentées, tondues (phénomène que la mémoire collective a coutume de réserver à la seconde guerre mondiale), arrêtées et parfois jugées. Si les condamnations pénales furent rares, la condamnation sociale fut systématique. À jamais, ces femmes furent des « femmes à boches ».
Et que dire des enfants nés de ces « unions » ou « rapports forcés»… L’étude mené par Emmanuel Debruyne a effet mis en évidence une explosion des enfants nés de père inconnu pendant les quatre années de guerre. 


Cependant, pendant longtemps et encore maintenant, les sociétés ont refoulé cette question, préférant héroïsée des figures « de résistantes » même si ce terme est impropre en 14-18 (et réservé à la seconde guerre mondiale) comme Edith Cavell, Louise de Bettignies.

Conférence d'Emmanuel Debruyne : " Se donner aux Allemands ou à la patrie, modèle et contre modèle de la femme occupée dans la France et la Belgique de la Grande Guerre"
Conférence d'Emmanuel Debruyne : " Se donner aux Allemands ou à la patrie, modèle et contre modèle de la femme occupée dans la France et la Belgique de la Grande Guerre"
Conférence d'Emmanuel Debruyne : " Se donner aux Allemands ou à la patrie, modèle et contre modèle de la femme occupée dans la France et la Belgique de la Grande Guerre"
Conférence d'Emmanuel Debruyne : " Se donner aux Allemands ou à la patrie, modèle et contre modèle de la femme occupée dans la France et la Belgique de la Grande Guerre"
Conférence d'Emmanuel Debruyne : " Se donner aux Allemands ou à la patrie, modèle et contre modèle de la femme occupée dans la France et la Belgique de la Grande Guerre"
Conférence d'Emmanuel Debruyne : " Se donner aux Allemands ou à la patrie, modèle et contre modèle de la femme occupée dans la France et la Belgique de la Grande Guerre"
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