« Le futur de la France dépend non seulement du courage et de l’énergie de la génération présente mais aussi de la santé et de la force des enfants » . Les enfants de l’Aisne, durement éprouvés par trois ans de combats et d’occupation allemande, sont placés dès l’origine au cœur des actions de l’organisation humanitaire fondée par Anne Morgan et Anne Murray Dike dans les ruines du château de Blérancourt en 1917 : la section civile du Comité américain pour les blessés français, rebaptisée en 1918 Comité américain pour les régions dévastées. Car ces enfants ont parfois vu leur mère ou leur sœur tuée par des bombes lancées depuis les avions allemands. D’autres présentent des problèmes de peau résultant de malnutrition ou des malformations de la colonne vertébrale engendrées par le travail forcé dans les champs, sous le joug des Allemands. Ces enfants aux yeux vides, parfois muets, ne connaissent ni l’école, ni le jeu. Le travail entrepris par le Comité pour leur redonner une part d’enfance prend de multiples aspects : aide d’urgence, soins médicaux, éducation, activités sportives et culturelles.

 

 

Les actions d’urgence (1917)

Lorsqu’Anne Morgan et Anne Murray Dike arrivent à Blérancourt en juillet 1917, accompagnées des premières volontaires américaines, la région vient d’être libérée de l’occupation allemande quelques mois plus tôt. C’est un territoire de ruines, gravats, barbelés et cadavres qui n’a plus rien à voir avec la riche région agricole d’avant-guerre. Les populations restées sur place pendant l’occupation et les réfugiés qui reviennent au compte-goutte tentent de survivre dans les décombres de leur maison ou les abris à soldats abandonnés par l’occupant. Ce sont surtout des vieillards, des femmes et des enfants en grande précarité qui manquent de tout, de nourriture, de vêtements, de meubles et ustensiles. Très vite, l’organisation américaine va élaborer un système d’enquête qui permet de connaître la composition de la famille, son histoire, sa situation actuelle, son état médical et sanitaire, ses besoins premiers afin de mettre en place une aide humanitaire sur mesure. Aussi, les enfants sont précisément recensés. Le premier constat est la malnutrition et l’absence de soins médicaux qui fragilisent ces enfants. Un dispensaire, pourvu de médecins et infirmières américaines, est installé dans l’enceinte du château de Blérancourt dans un grand baraquement, qui permet d’assurer les premiers soins mais aussi de leur apporter une nutrition adaptée. Le second constat est le retard pris en matière d’éducation. En effet, pendant l’occupation allemande, ces enfants n’ont pas eu accès à l’école car ils ont souvent été contraints de travailler. Aussi, une des premières actions du C.A.R.D. est de fournir des livres et du matériel pour équiper les écoles des villages aidés, dès que celles-ci ont été reconstruites. Le Comité sollicite, auprès de l’Éducation nationale, le retour d’instituteurs afin d’organiser la classe et permettre à ces enfants de renouer avec une vie normale. Une initiative originale du Comité est la mise en place à Blérancourt et dans quatre villages alentour de classes de menuiserie pour les garçons et d’une école ménagère pour les filles. Sous la direction d’Adrienne Hickel, les jeunes garçons construisent du mobilier (bureaux, tables, étagères, poulaillers) avec le bois des caisses de transport qui acheminent l’aide humanitaire depuis les États-Unis. Quant aux jeunes filles, elles apprennent la cuisine, la couture, le tricot qui feront d’elles de « bonnes maîtresses » de maison.

Retrouver la suite de cet article dans notre recueil "L'enfance en guerre" édité par le musée du Vermandois. 
117 pages. 10 euros. illustrations couleurs.
Disponible au musée ou sur demande au 06-10-26-56-68
 

Sauver les enfants de l’Aisne L’action du Comité américain pour les régions dévastées (1917-1924). Valérie Lagier
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